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La substitution du corps de Napoléon. |
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Viennent alors les gestes qui doivent être accomplis en pareil cas : fermer les yeux qui veulent encore s'ouvrir, placer une mentonnière pour garder la bouche fermée. Six heures après sa mort, il est rasé, lavé et son linge changé. Le matin du 6 mai, on retire la mentonnière. La rigidité tient à ce moment la bouche fermée. Les témoins déplorent que le masque mortuaire n'ait été pris à ce moment précis où Napoléon avait le visage du Premier Consul.
L'après-midi du 6 mai, Antommarchi pratique l'autopsie mais sur ordre du gouvernement anglais le corps n'est pas embaumé. Le cœur et l'estomac sont retirés et placés dans des vases remplis d'esprit de vin puis le corps est lavé à l'intérieur et à l'extérieur. Immédiatement après l'autopsie, la décomposition avait déjà commencé son œuvre et Bertrand constate qu'il avait l'air plus âgé qu'il n'était réellement.
Marchand et Ali habillent alors l'Empereur de son uniforme de colonel des chasseurs de la Garde agrémenté de toutes ses décorations (voir tableau). Ensuite, l'Empereur est porté dans la chapelle ardente sur son lit de mort, qui sert ainsi de lit d'exposition. Les officiers de la garnison et une grande partie de la population de l'île défilent devant la dépouille mortelle au cours des deux journées des 6 et 7 mai.
Il fait chaud ; une forte odeur se dégage du corps qui se trouve bientôt en pleine putréfaction. Il faut ouvrir portes et fenêtres car les émanations sont devenues intenables pour quiconque se trouve auprès du corps. De plus, la figure est garantie à l'aide d'une gaze car les mouches viennent s'y poser en grand nombre.
Le 7 mai, 16h, on prend le masque. Le plâtre qui venait d'être réalisé avait un caractère vieillardé par l'affaissement des chairs qui étaient tendues deux jours auparavant.
A 19h, l'Empereur est placé dans son cercueil. (voir tableau)

Le 15 octobre 1840 à minuit, 18 Français se trouvent rassemblés autour de la tombe impériale et les travaux d'excavation commencent à la lueur vacillante des lampes. Après 13 heures d'intense labeur, la caisse mortuaire est transportée sous la tente qui est prévue à cet effet. Le moment est empreint d'émotion. Les différents cercueils sont ouverts les uns après les autres jusqu'à ce que l'on atteigne le dernier. Dans quel état va-t-on découvrir l'Empereur mort 19 ans plus tôt et non embaumé ? La surprise est grande :
Napoléon est intact.
D'après Gourgaud et Ali, la tête a encore quelque ressemblance avec le masque Antommarchi qui est pourtant faux ! D'autres détails étonnent mais selon l'avis du docteur Guillard le cercueil est rapidement refermé pour éviter toute décomposition du corps. Aucun croquis ne sera pris, aucune vérification spécifique ne sera effectuée !
Seul le docteur Guillard, qui touchera le corps, le déclarera en parfait état.
Le 15 décembre 1840 après une traversée sans encombres, l'Empereur est de nouveau parmi les siens. Un cortège imposant conduit l'Empereur vers sa dernière demeure : les Invalides, à Paris. Napoléon reposera donc désormais, selon son vœu, " sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français qu'il a tant aimé ". Oui, mais….