La mise au Tombeau de "Porphyre".

Une cérémonie trop simple là où l'on pouvait s'attendre à du grandiose...



Le 2 avril 1861 on transféra les cendres de Napoléon de la chapelle Saint-Jérôme dans la crypte où l’on renferma pour toujours l’énorme couvercle de porphyre.

Pourquoi Napoléon III ne voulut-il pas donner un caractère grandiose à cette cérémonie?

Le peuple n'y fut pas convié. Une simple délégation des corps constitués fut présente et le corps diplomatique ABSENT !
Pourquoi Napoléon III fit moins pour les "Cendres" de son oncle que Louis-Philippe ?

Voici la relation de la cérémonie du 2 avril au Moniteur du 3 avril 1861.



Un rappel:


En avril 1861, plus de 20 ans après le Retour des Cendres, le cercueil du Grand Capitaine trouve sa dernère demeure.

Pourquoi le sarcophage ne fut finalement inauguré que le 2 avril 1861, alors qu'il était prêt bien avant?

De nombreux fascicules, livres, documents, mentionnent effectivement 1861 comme la fin des travaux.

Mais Visconti sort un document parlant de ses travaux, dont le Tombeau des Invalides, ... en 1853!
L'a-t-il publié avant la fin des travaux?

Voici le début d'un article paru dans la revue de la Socitété des Amis de l'Armée. (N° 101, p 46).
Il s'agit d'un article de Thierry Issartel: "Visconti et le Tombeau de Napoléon aux Invalides".
"Pourtant, il semble bien que les travaux étaient finis en 1853: c'est en effet cette année-là que paraissent les premiers guides descriptifs du tombeau. D'autre part nous savons avec certitude que la date de l'inauguration avait été fixée au 4 mai 1853.
Pourtant, ce n'est que le 2 avril 1861 que Napoléon III inaugura le monument.

Pourquoi un tel contretemps?"

Le premier élément de réponse nous est fourni par le décès de Visconti en 1853, mais cela n’explique pas le délai de huit ans, car on nomma tout de suite un nouvel architecte du tombeau de l’Empereur, Jules Bouchet, à qui succéda Jules Crépinet en 1860. Les causes du report de l’inauguration semblent plus graves : Napoléon III ne trouvait pas à son goût le tombeau de Napoléon aux Invalides. Antoine Etex nous a laissé dans ces mémoires un témoignage étonnant d’une conversation qu’il eut avec Napoléon III le 6 juin 1853. Aux compliments de l’Empereur sur son tombeau de Vauban aux Invalides, il répondit :
« Je ne vous en dirais pas autant de celui de Napoléon chez Louis XIV, cela jure.
- Oh ! C’est bien vrai, cela jure, dit Napoléon III. N’est ce pas ? Ce grand trou invite à cracher dessus.
- Non pas, dis-je avec une sorte de pudeur ; mais le lieu est mal choisi.
- Si, si dit Louis Napoléon, et ce n’est pas seulement le plan, c’est le monument lui-même qui est mauvais. Ce pauvre Visconti, ajouta-t-il, je l’aimais beaucoup, mais il s’est complément trompé cette fois.
- Je lui dis qu’il y avait un moyen d’améliorer l’effet du tombeau de l’Empereur, qui était de le changer en monument franchement souterrain, en couvrant le grand trou.
- Je crois que vous avez raison, fit l’Empereur. »

Il ne faut pas se méprendre sur l’attitude de Louis Napoléon, elle n’est en aucun cas un simple caprice esthétique de monarque. En réalité l’emplacement des Invalides n’a plus du tout d’intérêt à ses yeux, et donc le compromis architectural de Visconti n’a plus aucune valeur. Napoléon III se trouvait en 1853 confronté au problème d’asseoir sa dynastie, et il rêvait, comme son oncle, d’une sépulture de la famille impériale à Saint-Denis. Cette idée connue un commencement de réalisation : il commanda à Viollet-Le-Duc un rapport sur un transfert des cendres de Napoléon à Saint-Denis en avril 1853. Ce projet a été longtemps à l’ordre du jour, puisqu’en 1859 Viollet-Le-Duc dessina un projet de sépulture impériale néo-gothique. Napoléon aurait été placé dans une chasse en cuivre émaillé et doré reposant sur quatre colonnes de porphyre, au milieu du cœur de la basilique. Les restes mortels de l’Empereur seraient ainsi devenus de véritables reliques portées à la vénération de ses fidèles. Le caveau, situé immédiatement au-dessous, aurait abrité les autres membres de la dynastie. Une note de l’architecte prévoyait de construire le nouveau tombeau avant le 15 août 1853 pour pouvoir organiser le transfert ; le cœur de l’Empereur serait demeuré aux Invalides.
Finalement, Napoléon III renonça à ce projet, sans doute par crainte des effets sur l’opinion publique. Le 2 avril 1861, lors de l’inauguration du tombeau, on transféra les cendres de Napoléon de la chapelle Saint-Jérôme (où il avait été déposé depuis février 1841 à cause des travaux) dans la crypte où l’on renferma pour toujours l’énorme couvercle de porphyre. Cette cérémonie n’eut pas du tout le même retentissement que celle du 15 décembre 1840.

Louis-Philippe ne savait pas exactement où serait déposé le corps de l'Empereur en 1840.

A la chambre des députés, une longue discussion envisagea successivement:

l'Abbaye de Saint-Denis,
Notre-Dame de Paris,
la Madeleine,
le Pahthéon,
la Colonne Vendôme
et l'Arc de Triomphe de l'Étoile.

Finalement, après l'intervention du Maréchal Clauzel et de Lamartine, le Dôme des Invalides fut choisi, parce que l'Empereur y serait gardé par des soldats.

La première idée des architectes avait été de construire un mausolée en relief, rappelant la forme du Dôme. C'est Visconti qui proposa une crypte creusée au centre de l'édifice, afin de n'en pas détruire l'harmonie et de conserver la vue d'ensemble des six chapelles où pouvaient se célébrer six messes à la fois.

Les travaux furent interrompus de 1843 à 1848.
Ce n'est qu'en 1861 que le travail fut terminé. Il coûta 4 millions et demi de francs.


Le 2 avril 1861, un large plan incliné avait été construit entre la chapelle et le sarcophage.
Les cercueils, placés sur un chariot bas, glissèrent lentement entre deux haies de Cent-Gardes, du gouverneur des Invalides et des hauts dignitaires de l'Empire.

source:
Le tombeau de Napoléon,
Colonel Pol Payard,
Ancien Sous-Directeur du Musée de l'Armée
éditions Albert Morancé





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