Louis Garros :
Samedi 16 avril : " A-t-il quitté Carcare ce jour-là ? Il le dit. il a même raconte qu'il s'était porté sur les hauteurs de Montezemolo en même temps que la division Augereau et que, de là, il avait vu se dérouler l'immense rideau des Alpes couvertes de neige, et à ses pieds, les premiers plans des plaines fertiles du Piémont. Il s'était écrié, résumant d'une façon saisissante le plan de sa campagne : " Annibal avait franchi les alpes, nous les avons tournées. " Bouvier pense qu'il y a là une amplification de rhétorique des récits dictés à Sainte-Hélène et pieusement reproduits par Thiers. Où est la réalité ? Il a écrit à Carnot ce jour-là : " J'ai pris Montezemolo. Je n'ai pas un officier du génie capable de rerconnaître Ceva et il faut que je m'y porte moi-même..." Berthier, dans une lettre du même jour adressée à Clarke, annonce qu'il part avec Bonaparte pour reconnaître Ceva. Il faut donc admettre qu'il s'y est rendu. Il paraît certain que les troupes d'Augereau défilèrent devant lui "
CAMON - LA GUERRE NAPOLEONIENNE
" 16 avril - Attaque de Ceva : Bonaparte, craignant un retour offensif des Autrichiens, ne peut appuyer l'attaque qu'Augereau conduit contre le camp retranché de Ceva, où se trouvent 7 à 8.000 Piémontais. Augereau échoue.
17 avril - Avisé de cet échec, dans la nuit du 16 au 17, tranquillisé par ses reconnaissances du côté Autrichiens, Bonaparte transporte son quartier général de Carcare à Millesimo et prescrit à Laharpe de relever à Dego la division Masséna. Ainsi couvert par Laharpe du côté des Autrichiens, il dirige Masséna sur Montbarco (San Benedetto), entre les Autrichiens et les Sardes. Pendant la nuit Colli se dérobe et va occuper, près de Mondovi, la position de flanc de la Bicoque (La Bicocia), derrière Cursaglia
" Si Beaulieu se fût porté sur Dego, le corps placé à San Benedetto l'eût attaqué de flanc et par derrière. " (Bonaparte -Observations sur les opérations militaires dans les campagnes 1796-1797 en Italie)
18 avril - Le 18, Bonaparte fait descendre à Augereau la rive droite du Tanaro pour menacer les derrières des Sardes. Tandis que Sérurier marche droit sur leur position, Masséna reste à Montbarco ( San Benedetto) Une attaque de Sérurier, à laquelle Augereau, arrêté par le Tanaro grossi par les pluies, ne peut coopérer, échoue. La situation devinet difficile. Il faut trouver du monde pour enlever la position de Colli. "
Toujours le Commandant Camon - La Guerre Napoléonienne, Librairie Militaire R. Chapelot, 1903.
" Mardi 19 avril - Changement de ligne de communication - Un changement de ligne de communication va tirer Bonaparte d'affaire. Abandonnant sa ligne de Savone, il la prend sur Ormea. N'ayant plus à garder aussi fortement la route de Savone, il appelle à lui la division Laharpe, qui ne laissera qu'une demi-brigade à Cairo. 20 avril - Le 20, Laharpe relève à San Benedetto, la division Masséna, qui vient s'intercaler entre Sérurier et Augereau pour renouveler, le 21, l'attaque de Saint-Michel.
Louis Garros :
" Mardi 19 avril (30 germinal an IV) - Dans la nuit du 18 au 19, il dicte ses ordres à ses divisionnaires, confirmations d'ordres verbaux donnés auparavant pour l'attaque de San Michele. Ce fut un échec total qu'il masqua dans son rapport au Directoire du 22, où pullulent les erreurs de dates. Dans la soirée, conférence à Ceva. Il arrive à minuit à Lesegno, après être passé par Gondolfo. Mercredi 20 avril ( 1er floréal an IV) - Dans la matinée, il explore le terrain, des hauteurs de San Paolo. Déjeuner à Gondolfo, conseil, puis retour à Lesegno. La pluie tombe depuis 2 jours avec persistance "
MONDOVI, le 21 AVRIL 1796
H. CAMON ...Mais Colli n'attend pas le choc et se retire le 21 avril, à la pointe du jour. Bonaparte s'en aperçoit, lance Sérurier et Masséna sur l'ennemi, surpris en flagrant délit de retraite. Mondovi est enlevé à 4 heures du soir.
Louis Garros : Jeudi 21Avril ( 2 Floréal an IV) : Tôt le matin, il est informé de la retraite des Piémontais. A 8 heures il enjoint d'attaquer sur toute la ligne. Il quitte Lesegno, passe le Cursaglio à Prata, se dirige vers le Bric della Guardia d'où il embrasse l'ensemble des opérations. Vers 17 heures, il accourt sur le Brichetteo. Le soir, il rentre à Lesegno, il était parvenu à Mondovi vers 19 heures.
L'endurance et l'allant des troupes ont permis des résultats aussi rapide et décisifs. Par exemple Masséna : sa division, le 12 avril combat à Montenotte, le 13 poursuit les Autrichiens, les bat le 14 à Dego, qu'elle perd le 15 pour reprendre le 16. Le 17, elle est appelée contre les Sardes, à travers la montagne, le 20, elle descend sur le Tanaro et le 21 participe à la bataille de Mondovi, puis entame la poursuite qui mènera jusque Cherasco, le 25 avril. Outre les qualités physiques, il fallait un profond sens du devoir militaire, auquel il convient d'ajouter le goût de l'aventure et l'attrait du pillage...
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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